Ce travail porte sur une comparaison inédite des célèbres passages du Brut et du Roman de Rou, qui concernent la vérité du discours historique face aux fables des fabloiers qui contaient les aventures des chevaliers de la table ronde, avec le prologue du Chevalier au Lion. On remarquera que Chrétien de Troyes utilise la même terminologie utilisée par Wace dans les passages mentionnés pour souligner la différence entre la vérité du sentiment amoureux qui animait les chevaliers au service du roi Arthur et le mensonge qui caractérise l’amour à son époque. On déduira que la vérité du roman selon Chrétien ne réside pas nécessairement dans l’authenticité des événements qu’il relate, parce qu’elle entraîne implicitement un certain degré d’amplificatio comme Wace le notait, mais plutôt dans la sincérité des sentiments qui motivent les actions des personnages. Par conséquent, on remarquera que l’étude des émotions décrites dans les romans du Moyen Âge conduit directement à la compréhension de leur sens, c’est-à-dire des principes de vérité sur base desquels ils sont conçus par leurs auteurs. On formulera l’hypothèse que le succès extraordinaire du genre romanesque à travers l’histoire de la littérature française, européenne, occidentale et enfin mondiale, peut dépendre du fait que les lecteurs de toutes les époques ont cherché dans cette forme littéraire une vérité des émotions et des sentiments. La validation de cette hypothèse pourrait conduire à l’élaboration d’une idée de réalisme littéraire bien différente de celle reçue par la théorisation du XXe siècle.

La vérité du roman et l’authenticité du sentiment amoureux d’après le prologue du Chevalier au Lion de Chrétien de Troyes

Anatole Pierre Fuksas
2018-01-01

Abstract

Ce travail porte sur une comparaison inédite des célèbres passages du Brut et du Roman de Rou, qui concernent la vérité du discours historique face aux fables des fabloiers qui contaient les aventures des chevaliers de la table ronde, avec le prologue du Chevalier au Lion. On remarquera que Chrétien de Troyes utilise la même terminologie utilisée par Wace dans les passages mentionnés pour souligner la différence entre la vérité du sentiment amoureux qui animait les chevaliers au service du roi Arthur et le mensonge qui caractérise l’amour à son époque. On déduira que la vérité du roman selon Chrétien ne réside pas nécessairement dans l’authenticité des événements qu’il relate, parce qu’elle entraîne implicitement un certain degré d’amplificatio comme Wace le notait, mais plutôt dans la sincérité des sentiments qui motivent les actions des personnages. Par conséquent, on remarquera que l’étude des émotions décrites dans les romans du Moyen Âge conduit directement à la compréhension de leur sens, c’est-à-dire des principes de vérité sur base desquels ils sont conçus par leurs auteurs. On formulera l’hypothèse que le succès extraordinaire du genre romanesque à travers l’histoire de la littérature française, européenne, occidentale et enfin mondiale, peut dépendre du fait que les lecteurs de toutes les époques ont cherché dans cette forme littéraire une vérité des émotions et des sentiments. La validation de cette hypothèse pourrait conduire à l’élaboration d’une idée de réalisme littéraire bien différente de celle reçue par la théorisation du XXe siècle.
2018
978-2-39037-001-7
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